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Les 100 jours pendant lesquels Odessa a été une province française
           100 днів, коли Одеса була французькою провінцією

Il y a un peu plus d'un siècle, en décembre 1918, Odessa, la plus grande ville portuaire du sud de l'Ukraine, a été une province française pendant un peu plus de 100 jours. Les Français voulaient balayer les bolchéviques mais ils se sont rapidement demandé qui combattait avec qui et pour qui en Ukraine. Le site d'information ukrainien Babel a rassemblé des photographies historiques de l'époque de la courte gouvernance française sur Odessa il y a un petit peu plus d'un siècle.

Le 18 décembre 1918, les troupes françaises arrivent à Odessa et annoncent qu'elles placent la ville sous leur protection. Cela faisait partie de l'intervention des forces de l'Entente et de ses alliés dans l'ancien Empire russe pour combattre les bolchéviques, connus plus tard sous le nom de communistes, qui avaient pris le pouvoir en Russie au début de novembre 1917 et avaient déclenché la guerre civile dans l'ancien Empire russe.

Les Français restèrent à Odessa jusqu'au début d'avril 1919. Pendant ce temps, ils tentèrent de s'entendre avec la Garde blanche, le mouvement antisoviétique pro-tsariste qui voulait restaurer l'Empire, et avec le Directoire de la République nationale ukrainienne de Symon Petlyura, qui s'est efforcé de construire un État ukrainien. Dans les deux cas, les Français n'ont pas réussi. De plus, il y avait des seigneurs de guerre - les otamans - opérant dans la région, qui formaient maintenant des alliances, puis combattaient leurs anciens alliés. En mars 1918, les troupes autrichiennes entrent à Odessa et liquident la République soviétique d'Odessa, que les bolchéviques parviennent à organiser en février.

Après la capitulation de la Première Guerre mondiale en novembre 1918, les troupes autrichiennes ont commencé à se retirer d'Ukraine. Odessa est passée sous le contrôle des troupes de l'Hetman Pavel Skoropadsky de l'UNR.

Début décembre 1918, une escadre de navires de guerre français dirigée par le croiseur Mirabeau arrive à Odessa. Les Français espéraient négocier avec Skoropadsky pour débarquer à Odessa, puis se rendre à Kiev et, de là, « achever les bolchéviques à Moscou ». Mais à ce moment-là, le régime de l'hetman est tombé et l'armée du Directoire de la République nationale ukrainienne de Simon Petlyura est entrée dans la ville.

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Le cuirassé "Mirabeau" de la Marine française, au sein d'un escadron au large d'Odessa en décembre 1918.
[ Getty Images ]

Après l'ultimatum du commandement français du 18 décembre 1918, les troupes du Directoire de l'UNR quittent la ville car Petlyura ne veut pas gâcher les relations avec l'Entente. Après cela, les Français ont annoncé qu'ils mettaient Odessa et la région d'Odessa « sous la protection de la France ».

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Déchargement de matériel militaire français dans le port d'Odessa, 1918. [ ECPAD ]

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Le point de contrôle des troupes françaises à Odessa sur le boulevard Mykolaiv (aujourd'hui Prymorskyi), début 1919. [ Wikimedia ]

Fin décembre, environ 15 000 soldats français étaient arrivés à Odessa, dont des soldats sénégalais, marocains et algériens des colonies françaises d'Afrique.

De plus, des bataillons militaires polonais, roumains, serbes, grecs et britanniques sont entrés à Odessa.

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Odessa lors de l'intervention française, mars 1919. [ Wikimedia ]

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Chargement de blé sur des navires français dans le port d'Odessa, février-mars 1919.
[ TsDKFFA d'Ukraine ]

La flotte de l'Entente est entrée dans la mer Noire et la mer d'Azov, et leurs troupes, débarquées à Odessa, ont occupé Sébastopol, Feodosia, Yevpatoria, Yalta, Kertch, Simferopol, Kherson et Mykolayiv. L'Ataman de Kherson de la République nationale ukrainienne, Nikifor Grigoriev, qui avait rejoint les bolchéviques avec ses soldats, n'a pas aimé cela.

La France a tenté de créer une sorte de gouvernement à partir de la population locale d'Odessa, qui est devenue une province française. Mais il leur était difficile de comprendre qui se battait contre qui et pourquoi. Dans un premier temps, ils ont tenté de parvenir à un accord avec le chef de la Garde blanche Anton Denikine, qui, contrairement à Petlyura, était satisfait de l'idée de restaurer une "Russie unie et indivisible".

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Chars Renault avec des soldats français, des civils et des gardes blancs près de la place Oleksiivska à Odessa, 1919.
[ Wikimedia ]

Denikine était considéré comme une créature anglaise et les Français ne l'aimaient pas. Par conséquent, au début de 1919, le général Philippe d'Anselme arrive à Odessa pour diriger le quartier général du commandement et prend tout le pouvoir entre ses mains.

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Le général Philippe d'Anselme avec son fils à Odessa, 1919.
[ ECPAD ]

Alors qu'Odessa était une province française, la vie dans la ville s'est un peu stabilisée - des magasins, des restaurants et des théâtres ont ouvert. S'appuyant sur la protection française, les industriels, les banquiers et les autres personnes les plus riches de l'Empire russe en ruine ont afflué vers la ville.

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Vue de l'Opéra d'Odessa depuis la rue Richelieu, 1918.
[ Getty Images / Babel ]

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Rue Panteleimonivska dans le centre historique d'Odessa, 1918.
[ imagesdefense.gouv.fr ]

À cette époque, le cinéma reprend à Odessa et les cinéphiles français admirent l'actrice ukrainienne du cinéma muet Vira Kholodna.

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Vira Kholodna, 1917. [ Getty Images / Babel ]

Le commandement des troupes françaises a constamment reporté la marche vers Moscou et les soldats français n'étaient pas impatients de se battre. Des émeutes éclatèrent parmi les marins français qui écoutaient la propagande bolchévique.

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Les marins français du cuirassé Voltaire condamnés pour le soulèvement, 1919.
[ TsDKFFA d'Ukraine nommé d'après H. Pshenychnyi ]

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Le cuirassé Voltaire de la marine française, qui faisait partie d'un escadron au large des côtes ukrainiennes de la mer Noire et de la Crimée en 1918-1919.
[ Getty Images / Babel ]

Déçus par Denikine, les Français entament des négociations avec le Directoire de l'UNR et acceptent même de reconnaître l'UNR en échange d'une coopération dans la lutte contre les bolchéviques. Mais il était trop tard - l'Armée rouge des bolchéviques et l'ataman Grigoriev qui se dirigeaient vers eux, s’étaient approchés de la ville.

Fin mars 1919, lors d'une conférence à Paris, les membres de l'Entente décident d'annuler l'intervention. Et le 2 avril, le commandement français annonce une évacuation urgente de la ville. Odessa cesse d'être une province française.

Pendant la Première Guerre mondiale, la France était l'un des principaux prêteurs d'argent de la Russie. En se retirant d'Odessa, les Français ont tenté d'emporter tout ce qui avait au moins une certaine valeur. Ils ont donc emporté une partie des navires de la flotte de la Garde Blanche qui étaient stationnés à Odessa.

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Navires français lors de l'évacuation d'Odessa, avril 1919. [ Wikimedia ]

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Les habitants du boulevard Mykolaïv regardent l'évacuation des troupes françaises d'Odessa, avril 1919. [ TsDKFFA d'Ukraine ]

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Navires de guerre dans le port d'Odessa, 1918. [ imagesdefense.gouv.fr ]

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Des habitants d'Odessa, qui ont fui la ville avant l'arrivée de l'Armée rouge, attendent dans un camp à l'embouchure du Dniestr d'embarquer sur des barges militaires françaises, avril 1919. [ Getty Images / Babel ]

Le 6 avril, Odessa voit des unités de l'Armée rouge dirigées par Grigoriev qui se vantait d'avoir personnellement vaincu les Français. Mais bientôt, en mai 1919, il mena un soulèvement contre le gouvernement bolchévique en Ukraine. Après sa défaite, il tenta de rejoindre l'anarchiste Nestor Makhno, mais fut tué par les makhnovistes.

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Manifestation soviétique à Odessa après l'évacuation des troupes françaises, avril 1919. [ Wikimedia ]

En août 1919, la Garde blanche chasse les Rouges d'Odessa. Enfin, le régime soviétique s'installe dans la ville en février 1920.

Traduction et publication autorisées par

EuroMaïdan Press

Access to the article in English on euromaidanpress.com Babel.ua Доступ до статті українською мовою на babel.ua